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Chapitre
pour
la
Fête
du
Christ
Roi 23
novembre
2008
Abbaye
de
Scourmont Le Christ Roi dans la Règle
de
Saint
Benoît La Fête du Christ Roi,
célébrée
le
dernier
dimanche
de
l’année
liturgique
est
fort
récente
et
n’a
pas
de
lien
avec
le
grand
cycle
des
«
mystères »
chrétiens
qui
constituent
l’ossature
de
l’année
liturgique.
Elle
a
été
instituée
en
1925
par
Pie
XI,
à
une
époque
où,
devant
la
montée
des
États
modernes,
Rome
s’efforçait
de
préserver
ou
de
restaurer
la
situation
médiévale,
essayant
de
faire
en
sorte
que
le
christianisme
soit
la
religion
officielle
des
États
chrétiens.
Malgré
cette
origine
plutôt
ambiguë,
cette
solennité
conserve
toute
son
importance,
si
l’on
n’essaie
pas
de
concevoir
le
Christ
comme
le
roi
de
tout
l’univers
à
la
façon
d’un
roi
temporel,
mais
si
l’on
s’attache
à
son
enseignement
sur
le
« Règne »
de
Dieu,
le
Règne
de
son
Père.
Je
reviendrai
là-dessus
dans
l’homélie
à
l’Eucharistie
de
ce
matin. Dans ce bref entretien
je
voudrais
plutôt
revenir
encore
une
fois
sur
la
place
du
Christ
Roi
dans
la
Règle
de
saint
Benoît,
où
l’accent
est
évidemment
tout
autre. Il ne s’agit pas alors de faire de l’Église
un
instrument
pour
instaurer
la
royauté
du
Christ
sur
les
peuples,
mais
plutôt
de
se
mettre
humblement
au
service
de
celui
qui
s’est
mis
lui-même
à
notre
service. En relisant, ce matin,
le
Prologue
de
la
Règle,
j’ai
été
frappé
de
la
place
capitale
qu’y
tient
cette
notion
de
la
royauté
du
Christ.
Le
Prologue
commence
et
se
termine
avec
la
mention
de
cette
royauté. Je suis surpris de voir que les grands commentaires
spirituels
de
la
Règle,
y
compris
celui
de
Dom
De
Vogüé,
qui
s’attachent
savamment
à
analyser
comment
ce
texte
utilise
le
texte
antérieur
du
Maître
et
est
une
sorte
de
commentaire
de
plusieurs
textes
de
l’Ancien
Testament,
n’ont
pas
souligné
davantage
cette
dimension
du
texte. Dès le début du Prologue,
Benoît
dit
qu’il
écrit
cette
Règle
pour
ceux
qui
ont
décidé
de
se
convertir
et
d’assumer
les
armes
très
puissantes
de
l’obéissance
pour
militer
sous
le
Christ
Seigneur,
le
vrai
roi.
Il
ne
faut
surtout
pas
voir
de
nuance
militaire
ou
guerrière
dans
l’utilisation
par
Benoît
du
verbe
« militer ».
La
grande
latiniste
Christine
Mohrmann
a
montré
qu’à
l’époque
de
Benoît
ce
mot
latin
signifiait
non
seulement
le
service
militaire
mais
aussi
n’importe
quel
service
civil. L’idée fondamentale est donc celle de service. Et nous sommes là, tout de suite, au coeur de
l’essence
même
de
la
vie
cénobitique,
le
service. Dès le point de départ, Benoît présente la vie
monastique
comme
une
vie
de
service
–
de
service
de
Dieu
exprimé
dans
un
service
mutuel
utilisant
les
instruments
de
l’obéissance,
qui
est
toujours
l’obéissance
à
Dieu,
mais
qui,
comme
on
le
verra
à
la
fin
de
la
Règle,
implique
l’obéissance
mutuelle. Benoît présente ensuite
l’entrée
au
monastère
comme
l’expression
d’un
désir
de
vie
en
plénitude. Il brosse le tableau de Dieu venant sur la place
publique
et
criant :
« Quel
est
celui
qui
désire
la
vie ? »,
le
moine
répondant :
« C’est
moi ! ».
Alors,
continue
Benoît,
vêtus
de
la
foi
et
de
la
pratique
des
bonnes
oeuvres,
avec
l’Évangile
comme
guide,
nous
pourrons
arriver
à
voir
celui
qui
nous
a
appelés
dans
son
royaume. Ensuite, Benoît présente
toute
la
vie
monastique
comme
une
école
où
l’on
apprend
à
servir
le
Seigneur,
notre
seul
vrai
Roi.
Et
le
Prologue
se
termine
par
une
nouvelle
mention
du
« royaume ».
Après
avoir
couru,
le
coeur
rempli
de
joie,
dans
la
voie
des
commandements
du Seigneur, observant ses préceptes au sein de
la
communauté,
participant
à
travers
les
difficultés
que
cela
peut
comporter
aux
souffrances
du
Christ,
nous
mériterons
d’avoir
part
à
son
Royaume. La place du Christ et
de
son
royaume
est
donc
beaucoup
plus
centrale
dans
la
vie
du
moine
selon
saint
Benoît
qu’une
lecture
superficielle
de
la
Règle
pourrait
nous
faire
croire.
Toute
la
vie
du
moine
est
une
vie
de
service
en
vue
de
ce
royaume ;
et
toute
l’ascèse
monastique
est
une
école
de
service. * * * Au début de la semaine
dernière,
se
tenait
à
Rome
la
réunion
« plénière »
de
la
Congrégation
pour
les
Instituts
de
vie
consacrée
et
les
Sociétés
de
vie
apostolique,
avec,
comme
thème :
« La
vie
monastique
et
sa
signification
dans
l'Eglise
et
le
monde
aujourd'hui ». Le Pape, qui a adressé une parole à l’Assemblée,
a
souligné
l’importance
du
monachisme
dans
la
société
actuelle,
comme
un
rappel
visible
et
constant
de
ce
qui
est
essentiel
dans
la
vie
de
tout
religieux
et
de
tout
chrétien.
Raison
de
plus
pour
nous
d’être
fidèles
à
cette
vocation. Au même moment se tenait la réunion
annuelle
du
Conseil
de
l’AIM
(Alliance
Inter
Monastères),
où
l’on
a
pu
constater
le
dynamisme
que
continue
de
manifester
la
vie
monastique
dans
de
nombreuses
parties
du
monde,
avec
plusieurs
fondations
nouvelles
chaque
année. Armand
Veilleux
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