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Toussaint 2008 Chapitre à la Communauté de Scourmont Le bonheur de contempler Sa
Face Chaque saint canonisé et chaque bienheureux déclaré tel par le Pape a une date qui lui est assignée dans le calendrier liturgique. Aujourd'hui nous célébrons tous les autres: cette légion de femmes et d'hommes de bonne volonté qui sont morts dans la grâce de Dieu, sans avoir laissé de traces dans les annales hagiographiques, et qui voient Dieu face à face, jouissent du bonheur éternel et sont nos intercesseurs auprès du Père. Même si Jean-Paul II a canonisé plus de saints que tous ses prédécesseurs, le nombre de saints officiellement canonisés forme un tout petit groupe à côté de cette multitude venant de toutes nations. Parmi eux il y a certainement beaucoup de personnes que nous avons connues; nos parents probablement, et d'autres membres de nos familles ou de notre communauté. Sans doute plusieurs personnes que nous n'aurions jamais considérées comme saintes, parce que nous ne pouvions pas voir dans leur coeur, comme Dieu le fait. Mais il y a surtout cette foule immense d'hommes et de femmes qui, depuis les débuts mêmes de l'humanité, de quelque religion qu'ils aient pu être, ont été fidèles aux lumières qu'ils ont reçues et ont servi Dieu loyalement selon leur conscience. C'est la foule dont parle Jean dans son Apocalypse : "J'ai vu, dit-il, une foule de toutes nations, races, peuples et langues." Le Livre de l’Apocalypse
est
rempli
de
visions
d’une
très
grande
richesse
symbolique,
qui
constituent
une
interprétation
chrétienne
de
l’histoire
telle
qu’elle
était
vécue
par
les
Chrétiens
quelques
décennies
après
la
mort
du
Christ. Au coeur de cette révélation se trouve l’Église,
la
communauté
des
croyants,
qui
se
situe
entre
le
Christ
historique
et
son
retour
à
la
fin
des
temps.
Le chapitre
7
de
l’Apocalypse,
d’où
est
tirée
la
première
lecture
de
la
Messe
d’aujourd’hui,
est
une
vision
de
l’Église
comme
peuple
de
Dieu. Le voyant de Patmos voit quatre anges aux quatre
coins
de
la
terre.
L’un
d’entre
eux
monte
du
côté
du
Soleil
Levant
tenant
en
main
le
sceau
ou
la
marque
du
Dieu
vivant
pour
en
marquer
au
front
les
serviteurs
de
Dieu. Le nombre de ceux qui sont ainsi marqués est
de
144.000
–
douze
mille
de
chacune
des
tribus
d’Israël. Ce chiffre est évidemment un chiffre symbolique ;
et
le
chiffre
de
douze
ou
de
douze
mille
est
le
symbole
de
la
plénitude.
En
effet
le
voyant
aperçoit
tout
de
suite
une
foule
immense,
que
nul
ne
peut
dénombrer. Ce sont ceux à qui est donné le salut de Dieu.
D’où
viennent-ils ?
ils
viennent
de
toutes
nations,
tribus,
peuples
et
langues.
Le
salut
est
donc
donné
à
quiconque
s’approche
de
Dieu
avec
foi,
sans
égard
à
sa
provenance
–
civile
ou
religieuse.
Ce
sont
tous
les
saints
que
nous
célébrons
aujourd’hui.
La première
Lettre
de
Jean,
de
son
côté,
nous
dit
en
quoi
consiste
le
vrai
bonheur.
Il
consiste
essentiellement
à
être
« enfants
de
Dieu ».
Tous,
nous
sommes
fils
et
filles
de
Dieu,
quelle
que
soit
notre
race
--
ceux
qui
viennent
de
toutes
les
races
païennes
comme
ceux
qui
viennent
du
judaïsme.
Tout
être
humain,
quel
qu’il
soit,
a
été
créé
à
l’image
de
Dieu.
Il
porte
donc
en
lui
la
ressemblance
divine,
une
semence
de
vie
divine. La différence n’est pas entre ceux qui son fils
de
Dieu
et
ceux
qui
ne
le
sont
pas.
Elle
est
entre
ceux
qui
le
savent,
qui
en
sont
conscients
et
qui
vivent
en
conséquence,
et
ceux
qui
n’en
ont
pas
encore
reçu
la
révélation
ou
ne
l’ont
pas
acceptée. Cette ressemblance sera pleinement manifestée
lorsque
le
Fils
de
Dieu
reviendra
dans
sa
gloire. Et c’est cette même ressemblance qui nous permettra
alors
de
« connaître »
vraiment
Dieu
et
son
Fils ;
car
on
ne
peut
connaître
vraiment
et
en
profondeur
que
ce
qui
nous
est
semblable. Tout
notre
bonheur
éternel
consistera
à
connaître
Dieu,
à
le
voir
face
à
face
–
à
le
connaître
de
la
même
façon
que
nous
sommes
connus
de
lui. Ce bonheur éternel peut – et doit – commencer
dès
ici-bas.
Nous
pouvons
contempler
la
face
de
Dieu
non
seulement
dans
le
visage
du
Christ
qui
nous
est
révélé
dans
l’Évangile,
ou
encore
dans
notre
prière
silencieuse ; mais nous devons contempler sa face aussi dans
son
image
gravée
en
nous-mêmes :
c’est
elle
qui
nous
donnera
la
force
d’être
purs
de
coeur,
miséricordieux
et
pacifiques. Nous devons contempler sa face aussi dans chacun
de
nos
frères,
spécialement
ceux
qui
ont
faim
et
qui
souffrent. Nous devons enfin contempler sa présence agissant
dans
les
événements,
même
–
et
surtout
–
lorsque
ces
événements
nous
font
partager
un
peu
de
sa
souffrance. Appelés,
tous
tant
que
nous
sommes,
à
partager
la
joie
et
le
bonheur
de
Jésus
en
voyant
Dieu
dans
les
événements
et
les
personnes
--
avant
de
le
voir
face
à
face
dans
la
patrie
céleste
--
unissons-nous
tout
particulièrement
aujourd’hui
à
tous
ceux
et
celles
qui
le
voient
déjà
face
à
face
dans
la
gloire
éternelle. Armand VEILLEUX
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