11 mai 2008 - Pentecôte
Chapitre à la Communauté de Scourmon
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Ne pas avoir peur de pardonner

 

Comme je l'expliquais dans un chapitre récent, il est fort possible que lorsque l'Évangéliste Jean nous dit - dans l'Évangile d'aujourd'hui -- que les portes du lieu où les disciples s'étaient rassemblés étaient closes, il avait présentes à l'esprit la parole de Jésus : lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte, et là prie ton Père dans le secret.

Jésus vient donc alors que les portes sont closes et il se tient au milieu de ses disciples. On peut voir ici une référence à une autre parole de Jésus, c'est-à-dire à sa promesse que: "Quand deux ou trois sont rassemblés en mon nom, là je suis au milieu d'eux".

Jésus manifeste sa présence au milieu des disciples lorsque, suivant sa recommandation, ils se retirent ensemble en son nom pour prier, et ferment la porte. Et cela nous enseigne que chaque fois que nous créons un espace de solitude et de silence, et que nous nous réunissons pour prier, Jésus est là, au milieu de nous.

À ses disciples réunis en son nom, Jésus donne l'Esprit qu'il leur avait promis. Cet Esprit est déjà présent non seulement tout au long de l'Ancien Testament, mais au cœur de l'humanité et de tout l'univers depuis le jour de la création.

L'auteur de la Genèse, pour décrire cette présence génératrice de vie, imaginait l'univers d'abord comme un chaos sans forme et sans vie, sur lequel vint planer le souffle - ou l'Esprit de Dieu, duquel jaillit toute la création. Pour montrer la présence de l'Esprit de Dieu dans l'être humain, ce même auteur imaginait aussi Dieu créant cet être humain de l'argile et insufflant dans ses narines son propre souffle de vie. Puis, nous voyons cet Esprit descendre sur les prophètes. Partout où il vient il est source de vie. Il repose sur Marie et la rend mère de Dieu. Il repose sur Jésus au moment de son baptême.

C'est ce même Esprit dont les premiers chrétiens ont senti d'une façon toute spéciale la présence sur les Apôtres lorsqu'après le départ de Jésus ils ont finalement assumé la mission qu'Il leur avait donnée de répandre son message à toutes les nations. Depuis lors non seulement l'Esprit de Dieu est présent en chacun de nous - s'il n'y était pas nous n'aurions pas la vie -- mais il est aussi présent dans la vie de son Église. Il se manifeste dans tous les charismes ou grâces qu'il a données à cette Église : dans la vie des familles chrétiennes qui vivent selon l'Évangile, dans la vie de toutes les formes anciennes ou nouvelles de vivre la communion au sein de l'Église et d'incarner la communion de l'Église avec le monde.

On parle parfois de " nouvelle Pentecôte ", en se référant à telle ou telle manifestation ou tels ou tels mouvements au sein de l'Église. En réalité la nouvelle Pentecôte est toujours là, toujours vivante et active. Elle est partout où il y a de la vie : que ce soit l'enthousiasme d'une vie qui vibre de sa nouveauté, ou que ce soit la fidélité sereine et pacifiée d'une vie qui sait durer.

Il est aussi intéressant de noter qu'en saint Jean, cette dernière rencontre de Jésus avec ses disciples et la dernière recommandation qu'il leur fait est un appel au pardon. En soufflant sur eux et en leur transmettant l'Esprit il leur dit : " Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils luis seront maintenus. " Cette recommandation est faite non pas aux Apôtres, mais à l'ensemble des disciples. Il ne s'agit donc pas du pouvoir de pardonner les péchés dans ce que nous appelons maintenant le sacrement de la réconciliation. Il s'agit plutôt d'un appel adressé à tous les disciples, à tous ceux qui croient en Jésus, de se libérer mutuellement de leurs péchés en se pardonnant mutuellement.

En pardonnant à l'autre, non seulement on le délie, mais on se délie soi-même également. C'est dans ce sens que Jean-Paul II, en annonçant l'Année Sainte de l'an 2000, nous invitait à la purification de la mémoire et qu'un document de la Congrégation pour la doctrine de la foi publié peu après affirmait qu'une des façons privilégiée de purifier la mémoire est le pardon.

Sachons donc nous communiquer quotidiennement, les uns aux autres, le pardon que nous recevons tous constamment de Dieu.

Armand Veilleux


 

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