Le 9 mars 2003

Chapitre à la Communauté de Scourmont

 

 

Cst 17 : La vie liturgique

 

            Nous abordons maintenant une série de Constitutions qui traitent le la vie liturgique et de quelques autres aspects de la vie de prière de la communauté.  La Cst. 17 constitue une sorte d'introduction à cette série, et traite de la "vie liturgique" d'une façon générale et globale.  (Il est intéressant de relire cette Constitution tout de suite après avoir lu au réfectoire, dans la vie de Dom Lambert Beauduin, la description des origines du "mouvement liturgique" qui fut en quelque sorte assumé et canonisé par le Concile Vatican II).

 

            Cette Constitution comporte trois paragraphes : le premier de caractère plus général, le deuxième traitant des temps liturgiques et le troisième s'appliquant au dimanche.  Chacun de ces paragraphes reprend, dans une large mesure, la terminologie et l'esprit de la Constitution de Vatican II sur la Liturgie.

 

C. 17               La vie liturgique

 

1

Dans la célébration liturgique la fin spirituelle de la communauté apparaît de façon toute spéciale; le sens profond de la vocation monastique et la communion des frères s'affermissent et s'accroissent. La Parole de Dieu y est écoutée chaque jour, le sacrifice de louange est offert à Dieu le Père; on y participe au mystère du Christ et l'œuvre de notre sanctification par l'Esprit-Saint se réalise.

 

            Une communauté monastique est un groupe de personnes que Dieu a réunies pour en faire une manifestation particulière de sa présence.  C'est une communauté unie par les liens de la foi au même Dieu -- Père, Fils et Esprit-Saint --, dans la même charité et la même espérance.  C'est pourquoi la première phrase de cette Cst. 17 dit : "Dans la célébration liturgique la fin spirituelle de la communauté apparaît de façon toute spéciale". 

           

            Toutes nos célébrations liturgiques, au long de la  journée et de l'année liturgique nous rappellent sans cesse cette orientation spirituelle et nous empêchent de nous laisser accaparer indûment par d'autres fins secondaires de la communauté, quelle que soit leur importance, telles que, par exemple, le rôle social que peut exercer la communauté dans une région ou son rôle spirituel dans l'Église locale.

 

            Le reste de la première phrase mentionne de façon spécifique deux corollaires de cette affirmation initiale.  Il y est dit que, dans la célébration liturgique deux choses s'affermissent et s'accroissent : le sens profond de la vocation monastique et la communion des frères. 

 

            L'expression opus Dei (Oeuvre de Dieu) avant d'être assumée par saint Benoît pour désigner la prière commune des moines désignait l'ensemble de la vie monastique.  C'est dire le lien étroit entre vie monastique et prière liturgique.  C'est pourquoi on peut affirmer que, dans chaque célébration liturgique, le sens le plus profond de notre vie monastique, comme vie toute orientée vers la gloire de Dieu, est exprimé et se trouve sacramentellement renforcé et approfondi dans cette expression même.  Par ailleurs, chaque fois que des frères se réunissent pour manifester leur communion dans la foi, l'espérance et la charité dans une prière commune, cette communion devient sacrement du mystère de l'Église.  Ils sont alors manifestés comme "Église locale" et leur communion en est chaque fois consolidée et renforcée.

 

            Le reste de ce premier paragraphe énumère les éléments les plus importants de toute célébration liturgique :  l'écoute de la Parole de Dieu, et la réponse de la communauté dans le sacrifice de la louange.  Les effets sont, d'une part une participation au mystère du Christ (en dehors duquel il n'y a aucune liturgie et aucune prière chrétienne) et d'autre part la sanctification des participants qui est le fruit non pas de cette participation, mais de l'action de l'Esprit-Saint.

 

2

Les différents temps de l'année liturgique ont une grande valeur pour nourrir et enrichir la vie contemplative des frères; ils offrent un fondement très sûr pour la prédication et la formation à donner à la communauté.

 

            Le deuxième paragraphe souligne l'importance de l'année liturgique.  Il ne faut pas oublier que ce que l'on célèbre, dans toutes les saisons de l'année liturgique, comme dans tous les sacrements et tous les offices quotidiens, c'est toujours le même, unique et indivisible mystère pascal du Christ.  Mais nous le célébrons sous des aspects différents et en soulignant telle ou telle dimension du mystère.  Les différents temps liturgiques, avec chacun leur particularité, ont une grande valeur pour nourrir et enrichir la vie contemplative des frères.  Si pure et si "apophatique" que puisse être notre contemplation elle est en effet toujours soumise aux lois de l'Incarnation et ne peut se passer d'images, même si elle doit nous conduire au-delà des images.  Le cycle liturgique offre aussi un fondement pour l'enseignement qui est donné à la communauté dans les homélies (faites par l'abbé ou un autre moine), et peut servir aussi de fondement aux autres éléments de la formation continue de la communauté.

 

3

Le dimanche, consacré au mystère de la Résurrection, est jour de joie et de cessation du travail : que les frères participent ensemble à l'Eucharistie et s'adonnent à la lectio divina et à la prière, d'une façon plus ample et plus intense.

 

            Le troisième paragraphe souligne quelques aspects de la spiritualité et de la pratique du dimanche.  C'est le jour où, au sein du rythme hebdomadaire de l'année liturgique, on célèbre d'une façon particulière le mystère de la Résurrection;  et donc, ce doit être d'abord un jour de joie -- non seulement "spirituelle", mais humaine, dans tous les sens du mot -- et de cessation de travail. 

 

            Pour ceux qui, en communauté, ont un travail manuel précis ou un travail administratif, il est en général assez facile d'abandonner complètement cette activité le dimanche (même si le danger reste d'utiliser le dimanche pour faire sa comptabilité, élaborer des plans de travail, etc.).  Par ailleurs pour ceux qui ont une tâche plus pastorale comme, par exemple, le maître des novices, l'hôtelier et l'abbé, ils risquent encore plus de poursuivre le dimanche exactement le même travail que les autres jours, la seule différence avec un jour ordinaire étant alors le style des célébrations liturgiques.  Un danger auquel il faut être très attentif.

 

            Trois autres éléments de la célébration du dimanche sont mentionnés.  Ce sont des éléments qu'on vit tous les jours de l'année, mais qu'il convient de vivre "d'une façon plus ample et plus intense" le dimanche : la participation à l'Eucharistie, la lectio divina et la prière personnelle.

 

            ST 17.1.A

La liturgie se célèbre dans le rite auquel appartient la communauté. Selon le génie propre de chaque rite, cela se fait en conformité avec la tradition cistercienne, en suivant les normes approuvées par le Chapitre Général et confirmées, dans les cas requis, par le Saint-Siège. (Ch. Gl 2002, vote 97)

 

            À cette Constitution tripartite un seul "Statut" était attaché, qui rappelait que nous devons célébrer notre liturgie selon le rite cistercien d'après les normes approuvées par le Chapitre Général et confirmées lorsque nécessaire par le Saint Siège.  Sans oublier que le Saint-Siège a octroyé à notre Ordre, il y a déjà une trentaine d'année une "loi cadre" permettant à chaque communauté d'élaborer dans une grande mesure sa prière commune, en fonction de la situation locale et des besoins propres, à l'intérieur d'un certain cadre.  Ce statut a cependant été modifié lors du Chapitre Général de 2002 pour prendre en compte le fait que notre Ordre possède maintenant des communautés suivant des rites autres que le rite latin/cistercien et que l'on désire respecter ces rites.  Pour le moment nous avons une communauté célébrant en rite syro-malankar et une célébrant en rite maronite.