19 janvier 2003
Chapitre à la Communauté
de Scourmont
L'habit monastique
(Cst. 12)
C. 12 L'habit
monastique
L'habit cistercien
spécifique est la coule blanche. Donnée au jour de la profession solennelle,
elle est signe de la consécration du moine et de l'unité de tout l'Ordre.
ST 12.A
Le vêtement, qui comprend en outre, selon les données
traditionnelles, la robe blanche, le scapulaire noir et la ceinture de cuir,
peut être adapté selon les conditions locales.
ST 12.B
Les profès à vœux temporaires et les novices
portent une chape au lieu de la coule. Le scapulaire des novices est blanc.
La Constitution 12 qui traite
de l'habit monastique. suit immédiatement celles portant sur les divers aspects
de la consécration monastique, non pas parce qu'elle est considérée comme
ayant la même importance, mais parce qu'il y a un certain lien de dépendance
directe. En effet, si l'habit est
considéré comme le signe de la consécration monastique, il est normal qu'on
en parle tout de suite après avoir parlé de celle-ci.
On avait déjà traité de
cette question dans l'Ordre au Chapitre Général de 1969, lors de la rédaction
du Statut sur l'unité et le pluralisme (SUP). Dans ce Statut on s'efforçait de distinguer les normes importantes
devant s'appliquer à tous les monastères de l'Ordre, et les conditions de
leur application qui pouvaient et devaient même varier d'un monastère à l'autre
et d'un pays à l'autre. Une certaine
diversité s'était déjà installée dans l'Ordre en ce qui concernait la forme
et la couleur de l'habit, surtout dans les fondations nouvelles, mais aussi
en quelques endroits en Europe et en Amérique. Voulant conserver l'unité tout en laissant
la porte ouverte à une certaine évolution, on trouva cette formule (SUP 10)
: "On gardera l'habit comme signe distinctif de l'Ordre. L'usage en peut différer selon les maisons."
Ce qui voulait dire que il était légitime que, dans certaines maisons,
par exemple, on décide de n'utiliser l'habit que pour les Offices, ou seulement
l'intérieur du monastère, etc. Cette ouverture fut conservée et affinée dans
nos nouvelles Constitutions.
Dans les Constitutions
on pouvait établir comme Constitution ce qui semblait essentiel et mettre
dans les statuts accompagnant cette Constitution ce qui semblait susceptible
d'évoluer et de varier d'une communauté à l'autre.
Dans la Constitution, nous parlons de l'habit (vestis)
cistercien, et dans le statut qui suit nous parlons du vêtement (vestitus). Ce choix de mots a été étudié et tout à fait
délibéré.
Seule la coule est considérée
comme habit monastique, et la coule cistercienne est de couleur blanche.
Étant le signe de la consécration monastique, elle est donnée au moment
de la profession solennelle, qui est, à proprement parler, la consécration
monastique. Comme la même coule blanche, de forme à peu
près identique, est portée dans tout l'Ordre, on dit qu'elle est aussi le
signe de l'unité de tout l'Ordre. On
ne trouve pas ici ni une théologie de l'habit, ni de grandes considérations
mystiques. On trouve simplement la
mention de ce qu'est l'habit monastique et ce qu'il signifie.
Dans le statut, on mentionne
la tunique blanche, le scapulaire noire et la centure de cuir, mais on les
mentionne comme vestitus, le vêtement que porte les moines, et on mentionne
que ce vêtement peut être adapté selon les conditions locales. Ce n'est pas l'habit monastique, ce
nom étant réservé à la coule. En certains monastères le vêtement que porte
les moines est un pantalon gris et une blouse à capuchon. En d'autres endroits, en dehors des Offices liturgiques où l'on
porte la coule blanche, on s'habille simplement comme les hommes de la région.
Tout cela est légitime et prévu par cette Constitution.
L'important est que tout, dans chaque communauté, se fasse dans l'harmonie
et l'unité.
Enfin, le statut suivant
décrit le vêtement que portent les profès temporaires et les novices et qui
n'est pas non plus l'"habit monastique" à proprement parler.
On a évité soigneusement
de parler dans les Constitutions de la façon de s'habiller lorsqu'on doit
aller en voyage à l'extérieur du monastère. On a voulu laisser la liberté nécessaire pour
permettre à chaque communauté de s'adapter aux situations locales. En certains
pays et en certaines circonstances, il est normal de voyager vêtu de la même
façon qu'au monastère. Ailleurs cela
semblerait tout simplement bizarre. L'important
est d'être vêtu de façon sobre, digne et simple.
Je ne reviendrai pas sur
ce que j'ai dit sur le sens de l'habit monastique en commentant la Règle.
Dans une situation de "chrétienté" l'habit monastique avait
une valeur de symbole, rappelant aux gens les valeurs vécues par ceux qui
le portaient. Dans les sociétés laïques comme sont les nôtres aujourd'hui,
il n'a plus du tout cette valeur de symbole, mais simplement un signe qui
nous "identifie" comme appartenant à une certaine association, comme
le ferait une badge. Il n'y a pas à le regretter. Cela crée simplement pour tous ceux qui ont
à quitter le monastère pour une raison ou pour une autre des exigences beaucoup
plus grande. Nous devons témoigner
des valeurs spirituelles et monastiques auxquelles nous nous sommes engagées,
non pas par un signe distinctif, mais bien par la qualité de notre comportement.
Armand VEILLEUX